Procès de sorcellerie

Procès de sorcellerie

Procès de sorcellerie

En 1611,

Le mayeur et les échevins de la haute cour de justice de Beaufort (près de Huy) instruisent un procès contre Gielette Lefondeur, Anne Matho, Marie Marson et Arnould d’Heur, tous accusés de sorcellerie.

Gielette Lefondeur :

Gielette Lefondeur dite Gielette Matho, dite Gielette de Hamoir est née à Hamoir vers 1533. En 1611, elle demeure à Sollières, est veuve de Jehan Matho et a 2 filles, Anne et Jehenne Matho.

Le 7 septembre 1611, le mayeur et les échevins de la haute cour de justice de Beaufort requièrent le supplice de l’échelle pour Gielette Lefondeur.

Sous la torture, Gielette nie toutes les accusations et déclare qu’elle est chrétienne, qu’elle n’a jamais fait de tort ni aux gens ni aux bêtes, qu’elle n’a pas empoisonné sa fille Jehenne mais que cette dernière disait que sa sœur Anne l’avait empoisonnée, qu’elle n’était pas présente lorsque sa fille Anne insulta sa sœur qui devint subitement malade, qu’elle a entendu dire de Madame de sollières que sa fille avait la réputation d’être une sorcière.

Le 21 septembre 1611, la haute cour de justice de Beaufort la condamne pour avoir proféré des blasphèmes.

Le 22 novembre 1611, la haute cour provoque une confrontation entre Gielette Lefondeur et sa sœur, Marie Marson. Cette dernière déclare que Gielette est une sorcière et qu’elle va danser dans le bois d’Andenne.

Gielette Lefondeur blasphème devant le mayeur et les échevins en leur disant qu’elle voudrait que le diable les emporte tous.

Elle est condamnée à être pendue et à être brûlée par la suite.

Anne Matho

Anne Matho est la fille de Gielette Lefondeur et la sœur de Jehenne Matho.

Le 21 septembre 1611, la haute cour de justice de Beaufort demande qu’Anne Matho, accusée de sorcellerie, soit soumise à la torture et à la question rigoureuse.

Elle déclare qu’elle va danser dans le bois d’Andenne depuis quatre ans avec cinq ou six personnes dont sa tante Marie Marson, que le diable vint à elle, qu’elle a empoisonné sa sœur Jehenne car celle-ci la battait, que le poison utilisé, lui avait été remis par le diable, qu’elle a été tous les ans à la confesse mais n’a jamais confessé son péché.

Suite à ces confessions, la haute cour de justice de Beaufort la condamne à être exécutée « par le feu et néanmoins préalablement étranglée par la corde jusqu’à ce que mort s’ensuive ».

Marie Marson

Le 24 octobre 1611, le mayeur et les échevins de la haute cour de justice de Beaufort mènent une enquête sur Marie Marson, épouse de Laurent Leryon, résidant à Sollières suite aux accusations faites par Anne Matho, sa nièce.

Dépositions des témoins :

Johan de Surroyseux, âgé de 45 ans déclare qu’après la venue de Marie Marson dans son étable, ses bêtes à cornes sont mortes, qu’il a entendu dire que Madame de Milemont ne voulait pas engager Laurent Leryon comme herdier car son épouse avait la réputation d’être une sorcière.

Catherine de Froidebise, épouse de Johan de Surroyseux, âgée de 60 ans déclare qu’elle a toujours entendu dire que Marie Marson était une sorcière, que le père de Laurent Leryon ne voulait pas consentir au mariage de son fils avec Marie Marson car elle avait la réputation d’être une sorcière, que lorsque Marie Collart a été exécutée pour sorcellerie à Bouzalle, Marie Marson vint lui demander si elle avait accusé d’autres personnes, que feu Jehenne Matho, nièce de Marie Marson avait dit que le diable était son oncle.

Baltazar de Froidebise, âgé de 50 ans déclare sous serment connaître depuis trente ans Marie Marson et savoir qu’elle avait la réputation d’être une sorcière.

Jehan Mannoye, âgé de 70 ans et la demoiselle Letixon, âgée de 57 ans déclarent qu’ils connaissent Marie Marson depuis trente ans et qu’ils ont toujours entendu dire qu’elle était une sorcière, que 12 ans auparavant, ayant un bœuf malade, ils allèrent trouver Marie Marson pour avoir un remède, dans un premier temps elle refusa puis vint tout de même, embrassa le bœuf et lui frotta le corps en lui disant certains propos et le lendemain le bœuf était guéri.

Henry Matho, âgé de 67 ans déclare qu’il demeure à Sollières depuis 21 ans et qu’il a toujours entendu dire que Marie Marson était une sorcière.

Guillaume Brifo, âgé de 35 ans déclare qu’il connaît Marie Marson, comme sorcière, depuis 4 ans et que depuis l’arrestation de Gielette et Anne Matho, elle est devenue craintive.

Jehan Collart, âgé de 50 ans déclare que Marie Marson a toujours eu la réputation d’être une sorcière et que l’on disait à Sollières que Marie Marson faisait mourir les chevaux du sieur de Hodomont.

Marie de Jelle, âgée de 17 ans déclare que Marie Marson a la réputation d’être une sorcière.

Nicolas Beauns, âgé de 45 ans déclare que lors de son exécution, Anne Matho lui a dit que sa tante Marie Marson devait mourir car c’était une sorcière.

Suite à tous ces témoignages, Marie Marson est appréhendée le 11 octobre 1611 et est condamnée le 23 à être soumise à la torture et à la question rigoureuse.

Marie Marson sous la torture :

Ne se rappelle pas des faits que relate Jehan de Surroyseux.

Nie le fait que c’est parce qu’elle portait le nom de sorcière que les manants ne voulaient pas son mari comme herdier.

Avoue avoir eu peur lors de l’exécution de Maire Collart et de l’arrestation de sa sœur et de sa nièce.

Avoue qu’elle a été séduite par le diable dans le bois d’Andenne, il y a 30 ans et qu’il l’a obligée à tuer des personnes et des bêtes.

Avoue avoir connu charnellement son  « calant », le diable, chaque fois qu’elle allait danser.

Avoue qu’elle a mis le poison, remis par le diable, dans l’étable de Jehan de Surroyseux.

Avoue qu’elle allait à la communion mais au lieu d’avaler l’hostie, elle la mettait dans un mouchoir et la rompait.

Marie Marson prie « volontairement »Dieu et la Vierge Marie de ne plus la torturer. Cet acte est pris par la haute cour de justice comme acte de repentance.

Le 7 novembre 1611, Marie Marson est condamnée à être pendue et brûlée.

Arnould d’Heur

Arnould d’Heur est un étrange personnage. La rumeur populaire dit qu’il est un larron et raconte qu’avant la guerre, il fut incarcéré à Huy pour divers larcins et put s’échapper de la prison en donnant une somme de deniers. Selon toujours cette rumeur, il abandonne sa maison pendant 8 à 15 jours sans que personne ne sache où il se rend et revient chaque fois chargé.

Les herdiers rapportent que quand il va aux champs garder ses bêtes en leur compagnie, il se perd et quand il revient il se met à pleurer. De plus il leur raconte qu’un homme noir sur un cheval lui ramène ses bêtes.

Suite à toutes ces rumeurs et aux accusations faites par Gielette, la haute cour de justice de Beaufort décide le 6 décembre 1611 de mener un enquête approfondie.

Les témoins défilent :

Henry Matho, âgé de 67 ans, Michel Henrart, âgé de 50 ans, la demoiselle Le Tixon, âgée de 56 ans, Jehan Collart, âgé de 50 ans confirment les rumeurs publiques.

Un témoin anonyme dit que depuis que les sorcières de Sollières on été appréhendées, Arnould d’Heur a la réputation d’être un sorcier.

Catherine de Froidebise raconte qu’Arnould d’Heur avait expliqué aux herdiers qu’il allait danser dans le cimetière d’Héron avec Anne Matho. Cette histoire s’étant répendue dans le village de Sollières, Gielette Lefondeur et Anne Matho le bâtèrent.

Sous la torture Arnould d’Heur confesse :

Qu’il y a 20 ans, un homme noir s’est présenté en sa maison du village d’Heur et lui a demandé de renoncer à Dieu, à la Vierge Marie et à son baptême. Il lui donna de l’argent qui n’était que du plomb.

« Avoir eu affaire avec une vache qui appartenait à sa grand-mère et ce dedans l’étable, 5 à 6 fois. »

Que sa « calante » avait la forme d’une vache.

Qu’il a été souvent danser dans le bois d’Andenne le jeudi et le samedi avec un bouc « que les sorcières allaient baiser ».

Qu’il allait dans le bois avec Jehenne Collart de Bonzalle, Marie Marson, Gielette Lefondeur et Anne Matho.

Qu’il a été danser à Coutisse.

M.Lambotte