Les Cornets de fer ou Clefs de Saint Hubert
Les Cornets de fer ou Clefs de Saint Hubert (au 18 ème siècle)
Instruction sur l’usage des Cornets de fer, nommés ordinairement Clefs de Saint Hubert, qui sont bénis par des prières particulières et ensuite touchés à l’Etole miraculeuse de ce grand Saint :
Dés qu’on s’aperçoit qu’un animal a été mordu ou infecté par un autre, il faut faire rougir le Cornet, ou Clef au feu et l’imprimer sur la plaie même si cela se peut commodément, sinon sur le front jusqu’à la chair vive et tenir ledit animal enfermé pendant neufs jours, afin que le venin ne puisse se dilater par quelques agitations immodérées. Les animaux sains seront aussi marqués au front, mais il ne sera pas nécessaire de les tenir enfermés.
Cela fait, quelqu’un de la famille, soit pour un, ou plusieurs bestiaux, commencera le même jour, à réciter pendant cinq ou neuf jours consécutifs selon sa dévotion, cinq « Pater » et « Ave » en l’honneur de Dieu, de la Glorieuse Mère et saint Hubert.
Pendant tout ce temps, on donnera tous les jours au dit animal, avant toute autre nourriture, un morceau de pain, ou un peu d’avoine, béni par un Prêtre à l’honneur de Saint Hubert.
La vertu merveilleuse de ces Cornets pour les bestiaux est suffisamment constatée par l’expérience journalière et quand, malgré cette précaution, la rage se communique à tel animal, on voit ordinairement, qu’il crève tranquillement sans nuire aux autres.
Ce « seroit » un abus et ces clefs « seroient » profanées, si on s’en « servoit » pour marquer des hommes ou si on les « imprimoit » sur du bois ou autre chose lorsqu’elles sont rougies au feu, puisqu’elles ne sont bénies que pour marquer les animaux. Ce « seroit » aussi un abus de croire qu’elle sont profanées lorsqu’on les laisse tomber à terre ou qu’on les touche avec la main.
On donne avis, qu’il n’y a pas de moyen plus salutaire pour être préservé de la rage et pour en préserver son bétail que de se faire inscrire à temps dans la confrérie de Saint Hubert et de « s’arrenter » de même que son bétail, par quelque « cens » annuel, à la dévotion d’un chacun ; ainsi que cela se pratique depuis longtemps dans plusieurs endroits.
(Extrait de documents de 1740)
Marc Lambotte