Petite histoire, grand effet : Le premier passage de Napoléon à Huy

Le 3 août 1803, une étape du voyage d’inspection dans nos régions du Premier Consul Bonaparte reliait Liège à Namur. C’est à Huy qu’il était convenu de passer la Meuse. Le maire Dautrebande avait arrêté des dispositions nécessaires au passage du grand homme : façades extérieures ornées de
branches de chêne, arcs de triomphe formés en différents points de la ville, sable disposé sur le sol afin de diminuer les secousses de la berline, les cloches de la collégiale sonneraient à toute volée. Le conseil communal s’était donné rendez-vous à 7.00 en l’église St-Germain.

A peine le maire lui eut-il présenté les clés de la ville que le cortège s’ébranla à la déception des Hutois qui aurait volontiers vu Bonaparte séjourner en leur cité. Mais à hauteur de la porte de Namur, on marqua un
arrêt : la berline était apparemment trop chargée pour permettre de franchir la porte cintrée. Il fallut décharger ce qui se trouvait sur le toit puis faire l’opération inverse, ce qui provoqua un retard fâcheux.

Pendant qu’on s’activait, le Premier Consul considéra la topographie du lieu : la route menant à Andenne était dans un état plus que déplorable ; il n’était pas rare que son aspect abrupt et étroit envoyât des calèches dans la Meuse ! Quant au général Bonaparte, il voyait d’un mauvais oeil une si
petite route pour le déplacement de ses troupes. Aussi Napoléon ordonna-t-il la destruction de la porte de Namur et la construction d’une chaussée valable et moderne conduisant à Andenne. Les travaux commencèrent l’année suivante et la neuve voie finit par s’appeler chaussée Napoléon dans
l’esprit des Hutois.

Philippe Dejaive.