François Auguste Colin

François Auguste Colin

Cimetière Militaires de Boncelles

 

 

 

Date de naissance: 15 avril 1891

Lieu de naissance et lieu de domicile: Bossus-lès-Rumigny, Ardennes, France.

Service actif: Armée Belge, soldat 2ème classe, cavalier.

Numéro de service: 139/18139

Unité : 2ème Groupe, 1er Lancier, 3ème escadron.

Décès : le 5 Août 1914 à Vierset-Barse.

Il est enterré dans le cimetière communal de Vierset-Barse, tombe 131 puis est inhumé le 22 janvier 1923 dans le cimetière militaire de Boncelles, tombe 105.

Décorations : Chevalier de l’Ordre Leopold II avec palme, la Croix de Guerre avec palme.

 

« Le mercredi, 5 août 1914, vers 10h. du matin, alors que les gendarmes s’apprêtaient à partir pour rejoindre leur unité, une vive pétarade se fit entendre dans la direction de Limet. Ici, nous laisserons parler Monsieur Polet, témoin oculaire de l ’escarmouche : J’étais occupé à tailler la vigne de la façade de l ’école, lorsque je vis descendre de Ramelot, onze uhlans montés sur des chevaux efflanqués et à moitié fourbus. La route de Liège-Dinant était barrée par des peupliers abattus, ils prirent par la prairie et se dirigèrent sur Bonne. Une demi- heure plus tard, des passants m’apprirent, qu’après avoir exploré le plateau du « Vieux Château », les fils d’Attila étaient revenus à l ’endroit dit « Vieux Chaffour » et révolver au poing, examinaient les alentours sans déranger ni les passants, ni même les curieux, car ils tenaient à ce qu’on les prenne pour des Anglais. Vers 10 heures, la curiosité l ’emportant sur la prudence, je fis comme la plupart des habitants et me dirigeai vers Bonne. Au « Vieux Chaffour », on me dit les Allemands remontés sur un plateau au sud-ouest de Limet, dénommé « Charleville ». A plus d’une reprise, je les aperçus derrière un bosquet au milieu des champs. Nous en étions à conjecturer et à souhaiter l ’apparition de quelque troupe belge lorsque, tout à coup, nous vîmes surgir, venant de Bonne, un maréchal des logis du régiment de lanciers, en garnison à Namur. Vite, nous le mîmes au courant de la situation et il dirigea sa monture vers les Allemands en observation. Les ayant aperçus, il fit demi-tour et allait rebrousser chemin quand survinrent deux nouveaux lanciers qui, surexcités, furieux, se lancèrent à l ’assaut avec le premier venu. Toujours, je les verrai monter côte à côte la colline au grand galop de leurs chevaux qu’ils excitaient de la voix. Pleins de force et de jeunesse, ivres de rage, car un de leurs compagnons venait de tomber à Clavier sous les balles allemandes ; ils arrivèrent en haut du plateau découvert. Au même instant, une vive fusillade se mit à crépiter, je vis un des nôtres chanceler, puis tomber en poussant le cri le plus sinistre, le plus lugubre, le plus horrible que puisse entendre oreille humaine. Cette voix d’outre-tombe, ce cri du mourant sur le champ de bataille, jamais, je ne l ’oublierai ! Les deux autres lanciers firent aussitôt volte-face, et, suivis du cheval de l ’infortuné soldat, descendirent la côte à toute allure et en zigzag, poursuivis par leurs ennemis qui continuaient la fusillade. A la première décharge, je me trouvais dans la direction du tir des uhlans, j’entendis les balles siffler, me retournant, je ne vis plus aucun de mes compagnons. Je courus derrière un peuplier pour m’abriter, mais les lanciers, toujours suivis des Allemands approchaient et, toujours sous le feu, je dus sauter la haie, courir dans le fossé, traverser la route et me blottir derrière le réservoir à eau. Là, je pensai à me cacher mieux encore sous une grosse touffe de coudrier-noisetier, quand les Allemands, abandonnant leur poursuite, retournèrent dans la direction du tué. A bout d’haleine, à toute allure, et sautant tous les obstacles, les lanciers survivants ainsi que le pauvre cheval sans maître repassèrent près de moi ; à Bonne, ils crièrent qu’un des leurs venait d’être tué, puis, toujours à bride abattue, reprirent la direction de Pailhe et de Ciney. Tout le drame avait pris moins de temps qu’il n’en faut pour le raconter. Retournés sur le plateau, les Allemands examinèrent le mort et pansèrent un des leurs, blessé par la décharge des Belges. Je rentrai chez moi par les bois et observai le plateau de Charleville. Pendant plus de 2 heures, on entendit des coups de feu et le hennissement des chevaux, puis les Prussiens se retirèrent dans la direction de Linchet emportant leur blessé, mais abandonnant un cheval et un équipement complet. Vers 1 heure de l ’après-midi, nous nous dirigeâmes vers l ’endroit fatal, et relevâmes notre mort qui frappé de deux balles au coeur était mort sur le coup Son cadavre fut rapporté à l ’école de Limet ; le soir, il fut mis en bière et dirigé sur Vierset où il est inhumé dans le cimetière communal. » La tombe entretenue d’abord par des mains pieuses, est maintenant confiée à la garde et à l ’entretien du Comité des Absents. L’infortuné lancier, François Colin, de Gérin lez Dinant, touché par l ’ordre de mobilisation à Boussu, en France, était rentré à Namur depuis deux jours, il avait payé, un peu témérairement peut-être, mais combien bravement sa dette à la Patrie. Gloire et honneur à ce héros, victime des premiers jours de l ’invasion. »

Extrait de « Vierset et la Grande Guerre »