La libération de Huy en 1944

La libération de Huy en 1944

La libération de Huy en 1944

Depuis l’annonce des événements de Normandie, l’espérance d’une libération à moyen terme se faisait chaque jour plus précise. Le chaud été 44 semblait dès lors le prélude à la délivrance, relayé par une résistance plus rigoureuse qui harcelait l’ennemi et qui venait du reste d’enregistrer un succès en détruisant le château abritant les locaux de l’Office du Travail rue des Foulons.

Le 18 août, ce fut l’émoi : en fin de journée l’échec du bombardement américain causa la désolation à Huy. La presse, encore sous la censure rexiste, ne manqua pas de récupérer l’événement à des fins douteuses. Des quartiers furent ruinés ; on n e dénombrait pas moins de 80 tués et 158 blessés. Cette destruction qui précède de trois petites semaines la Libération explique que l’arrivée des armées américaines avait un goût plus

qu’amer pour certains de nos concitoyens. Mais le régime fort devenaitfaible et l’occupant était sur le départ.

Les Allemands visiblement nerveux étaient en effervescence : ils chargèrentdeux camions d’archives probablement compromettantes devant la Kommandantur sise à côté de l’hôtel de l’Aigle Noir. Nul aujourd’hui ne sait, au désespoir des historiens, ce que ces documents sont devenus.

le 5 septembre, les Allemands libérèrent les derniers détenus du fort par petits groupes. Moins d’une semaine après la Libération, le ministère de la Justice y installera un centre d’internement : les « inciviques » coupables de diverses formes de collaboration furent à leur tour incarcérés jusqu’en 1946.

Pendant ce temps, la 3e division blindée, sous les ordres du général Rose,progressait en direction de Huy après la libération de Namur. La troupe s’était dédoublée : alors qu’une partie délivrait la rive gauche de la Meuse en venant de Hesbaye, atteignant le carrefour St-Germain avant de bifurquer vers St-Pierre, parallèlement des troupes plus conséquentes évoluaient sur l’autre rive.

Le mercredi 6 septembre vers 17.30, des ambulances allemandes se dirigèrent à vive allure de Gives à St-Léonard. Peu après débouchèrent de la route d’Andenne des chars flanqués de l’étoile américaine. Ils firent arrêt à Ben Ahin : trois shermans stationnèrent dans la prairie Collin située à gauche de la route, à hauteur de la grille du château, tandis que des fantassins y installèrent un campement après le creusement d’une tranchée destinée à les prémunir d’une offensive allemande. Juste précaution ! Des troupes ennemies se trouvaient à St-Léonard : ils envoyèrent un véhicule vers la Meuse qui ne tarda pas à se heurter à une jeep américaine qui montait en reconnaissance.
Après un bref échange de tirs, le convoyeur allemand se jeta de son Camion ; ayant enjambé un muret, et via la ferme et le bois, il parvint au sommet de la côte où il arrêta ses compatriotes sur le point de descendre. Lui-même se fit soigner dans une des premières maisons du village.
Puis après ces combats, ce fut le tour de Huy. La cité se trouvait à nouveau maîtresse de son destin ; la petite heure que dura la libération mettait ainsi fin à quatre années pénibles faites de privation, voire de brimades en tout genre. Un concert de cloches retentit bientôt ; les drapeux tricolores fleurissaient sur les balcons ; la foule en liesse accueillait l’armée victorieuse. Mais celle-ci ne pouvait s’attarder ; elle poursuivit sa mission via le quai Dautrebande et la rue de la Motte afin de délivrer Tihange et continua son parcours qui allait la conduire dans la cité ardente.
Mais cette liberté chérie et enfin retrouvée n’est certes pas encore gagnée : moins de quatre mois plus tard, les Allemands tentaient de reconquérir le territoire perdu via les Ardennes. La crainte d’un retour d’une armée défaite vint hanter les esprits hutois. En quelque sorte, la ville se trouva être un centre à l’arrière du front : des soldats alliés blessés lors des opérations militaires vinrent à Huy, de même que quelques soldats allemands capturés sur le front.
Quelques mois plus tard, nos prisonniers de guerre et nos déportés rentrèrent au pays ; les retrouvailles furent mouvantes pour nombre d’entre eux

Ph. Dejaive