La mort du Chapelain de Marchin en 1671

Le soir du 26 octobre 1671, Michel de Jamaigne, Mayeur à Marchin, revenant de Huy, s’arrête chez Charles Colinet afin de s’y désaltérer. Là, il y rencontre Maître Dieudonné Tavier, chapelain de Marchin en train de souper. Ce dernier, déjà bien éméché, agresse le Mayeur au sujet de l’imposition du droit « d’abrocage ».

Le Chapelain se lève et s’avance, l’air menaçant, vers le Mayeur qui tient un pot de bière à la main droite et son fusil à la main gauche. Michel de Jamaigne frappe avec son pot de bière sur l’épaule de Maître Dieudonné Tavier. Les deux hommes se roulent par terre. Ils sont séparés par les témoins de la scène. Maître Tavier retourne en son logis et ce n’est que le lendemain qu’il se rend à cheval à la Neuville chez un chirurgien.

Maître Dieudonné Tavier décède quelques semaines plus tard.

Michel de Jamaigne est accusé de meurtre par le père du défunt et l’affaire est portée devant la haute et souveraine justice de la cité de Liège.

Selon les témoins, Maître Dieudonné Tavier est un homme peu recommandable, il fréquente les tavernes, est colérique et querelleur. Il aurait même selon Catherine Warnant, 19 ème témoin, « voulu la forcer à se laisser connaître charnellement ».

Tous les témoins déclarent que le mayeur a un tempérament calme et ne se laisse pas prendre par la boisson.

Ils déclarent que le Mayeur, ne pouvant plus reculer, fut obligé de porter le coup de pot de bière sur l’épaule gauche du Chapelain, alors qu’il aurait pu le porter à la tête.

Etant donné que selon les médecins requis par la cour, le coup n’était pas mortel,

étant donné que Maître Dieudonné n’est mort que plusieurs semaines après les faits et que cette mort est due à la négligence du chirurgien qui était incompétent et de la victime qui s’est rendue à la Neuville pour se faire soigner alors qu’il y avait à Huy (ville plus proche) d’excellents médecins et étant donné que le mal de Maître Dieudonné Tavier fut aggravé par une chute dans une cave après les faits, les échevins de Liège déclarent que les décharges de Michel de Jamaigne sont suffisantes.

Marc Lambotte